Pol Taburet, lauréat du Prix Reiffers Art Initiatives 2022
Pol Taburet est un jeune artiste français d’origine guadeloupéenne, lauréat de la première édition du Prix Reiffers Art Initiatives soutenant la jeune création contemporaine. Son travail a été exposé en mai 2022 au Studio des Acacias pour la première exposition collective de Reiffers Art Initiatives, intitulée «DES CORPS LIBRES – Une jeune scène française».. Pol Taburet est diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, et s’illustre déjà par sa percutante peinture figurative qui représente des êtres à la frontière de l’humain et du spectre. Pol Taburet a figuré en couverture de Numéro art 10.
Biographie
Du vaudou à Francis Bacon et Francisco de Goya, en passant par les jeux vidéo et la trap d’Atlanta,
les multiples inspirations de Pol Taburet reflètent tout le syncrétisme de sa pratique plastique. À 23 ans, il s’illustre déjà par sa percutante peinture figurative qui représente des êtres à la frontière de l’humain et du spectre. De ces toiles d’apparence inquiétante émerge une aura magique, véhiculée notamment par des éclats de lumière peints à l’aérographe. Pol Taburet rend aussi bien hommage à sa
mère qu’aux rites et aux figures liés au quimbois, cet ensemble de croyances et de pratiques vaudoues né en Guadeloupe, dont il est en partie originaire.
Diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, ses œuvres sont déjà présentes dans plusieurs collections d’institutions. L'artiste est représenté par la Galerie Balice Hertling, Paris et la Clearing Gallery.
Diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, ses œuvres sont déjà présentes dans plusieurs collections d’institutions. L'artiste est représenté par la Galerie Balice Hertling, Paris et la Clearing Gallery.
Textes
“À la rencontre des humanoïdes décomplexés du jeune peintre Pol Taburet” par Ingrid Luquet-Gad
— Les Inrockuptibles, 2021
“Ce que l’on perçoit d’abord, c’est un pur plaisir de peinture. Les surfaces sont tantôt denses et grumeleuses, tantôt translucides et luminescentes. Elles se télescopent et se cannibalisent, se confondent ou s’entrechoquent. Lors de son processus, l’artiste de 23 ans chérit l’imprévu : sans esquisse préparatoire, il tourne et retourne son châssis puis, par l’ajout de quelques détails, vient figer une apparition fugace. Alors, les cavités rougeoyantes deviennent des yeux ; les excroissances molles, des oreilles ou les masses de muscles bandés se fendent d’un sourire carnassier augmenté de grillz.
Alors qu’il entame sa dernière année aux beaux-arts de Cergy, c’est donc en tant que peintre que l’on rencontre celui qui officie aussi sous l’alias Yves Ciroc, se fait parfois clippeur (il a récemment collaboré avec Emma DJ), passa un temps par la mode et se consacre actuellement à un projet de sculptures interactives.
Mais sa pratique de la peinture, d’une érudition décomplexée qui catapulte Jonathan Meese ou Peter Saul dans l’univers des mythologies caribéennes et de la trap américaine, n’est que l’une des multiples surfaces d’apparition de ses vivants humanoïdes qui, libérés des ornières de l’identité, se retrouvent propulsés dans un champ expansif d’énergies électriques.”
Alors qu’il entame sa dernière année aux beaux-arts de Cergy, c’est donc en tant que peintre que l’on rencontre celui qui officie aussi sous l’alias Yves Ciroc, se fait parfois clippeur (il a récemment collaboré avec Emma DJ), passa un temps par la mode et se consacre actuellement à un projet de sculptures interactives.
Mais sa pratique de la peinture, d’une érudition décomplexée qui catapulte Jonathan Meese ou Peter Saul dans l’univers des mythologies caribéennes et de la trap américaine, n’est que l’une des multiples surfaces d’apparition de ses vivants humanoïdes qui, libérés des ornières de l’identité, se retrouvent propulsés dans un champ expansif d’énergies électriques.”
“Pol Taburet at CLEARING”
— Art Viewer, 2021
“L’énergie de la vie nocturne est pratiquement audible dans les peintures de Pol Taburet. Les tons aigus qui surgissent des palettes aux couleurs vives sont mélangés à des sons de basse profonds émis à travers des figures sombres et amorphes. Le travail de Taburet défie le canon de ce qui est considéré comme beau, transformant le grotesque en quelque chose d’érotique, quelque chose qui attire notre attention, même si nous sommes tentés de détourner le regard.
Jeune peintre, Taburet fait le pont entre l’histoire de l’art classique et le cinéma, la littérature et la musique contemporaine. À l’instar des maîtres flamands ou allemands de la fin du Moyen Âge, qui ont représenté des scènes apocalyptiques, des monstres ou des chimères fantastiques, Taburet crée ses propres mondes alternatifs dans lesquels les âmes semblent perdues, et nous, spectateurs, sommes séduits par ces portails de l’enfer.”
Jeune peintre, Taburet fait le pont entre l’histoire de l’art classique et le cinéma, la littérature et la musique contemporaine. À l’instar des maîtres flamands ou allemands de la fin du Moyen Âge, qui ont représenté des scènes apocalyptiques, des monstres ou des chimères fantastiques, Taburet crée ses propres mondes alternatifs dans lesquels les âmes semblent perdues, et nous, spectateurs, sommes séduits par ces portails de l’enfer.”
"L'artiste Pol Taburet, révélation de la jeune scène française en couverture du Numéro art 10" par Juliette Lecorne
— Numero Art, 2022
"Révélation de la nouvelle scène française, Pol Taburet convoque dans ses peintures hallucinées et puissantes l’histoire de l’art, le quimbois créole et les pouvoirs occultes aussi bien que l’imagerie du rap américain. Lauréat du prix Reiffers Art Initiatives pour la jeune création et la diversité culturelle, l’artiste présente ses toiles au sein de l’exposition “Des Corps Libres” au Studio des Acacias en mai.
Dans Opéra I et II, Pol Taburet déploie une série de peintures conçues comme des dramaturgies aux narrations silencieuses. En s’appuyant sur le langage symbolique de la peinture européenne, l’artiste opère à une célébration des pouvoirs occultes, mêlant imagerie du rap américain, subculture et quimbois créole.
Sur un fond noir abyssal, un crépuscule apparaît tel un cliché de carte postale antillaise. Des créatures mutantes, mi-humaines, mi-animales, jaillissent de la toile, aussi terrifiantes que séduisantes. Ces silhouettes envoûtantes et phosphorescentes semblent naître et surgir du tableau comme elles ont surgi pour le peintre qui, loin de se poser en compositeur démiurge de cet étrange opéra, tente de saisir les apparitions et les visions qui s’offrent à lui. Et c’est là toute l’essence du travail de Pol Taburet : donner corps à ces hallucinations chimériques, conduire le regard vers un autre terrain mental, et, comme à l’opéra, en saisir les scènes pour mieux raconter la tragédie humaine.
Ces étranges personnages fictifs et sans chair, aux yeux et aux bijoux étincelants, s’apparentent souvent à des furies. Et si l’on peut facilement les rapprocher des créatures des Caprices de Goya ou des Érinyes de Bacon (ces déesses vengeresses qui traquent les hommes coupables), les créatures de Pol Taburet se déploient sur la toile avec une certaine magie. Leur forme se détache de la représentation traditionnelle de femmes démoniaques, hirsutes et cris- pées, ouvrant leurs bouches béantes pour laisser échapper des cris silencieux. Ici, les furies s’offrent dans leur apparition la plus luminescente, irradiant les toiles d’une aura magique et profondément spirituelle. Leurs corps sont des exhalaisons subtiles, mais leur présence, douce et rassurante, semble bien réelle.
Dans Opéra I et II, Pol Taburet déploie une série de peintures conçues comme des dramaturgies aux narrations silencieuses. En s’appuyant sur le langage symbolique de la peinture européenne, l’artiste opère à une célébration des pouvoirs occultes, mêlant imagerie du rap américain, subculture et quimbois créole.
Sur un fond noir abyssal, un crépuscule apparaît tel un cliché de carte postale antillaise. Des créatures mutantes, mi-humaines, mi-animales, jaillissent de la toile, aussi terrifiantes que séduisantes. Ces silhouettes envoûtantes et phosphorescentes semblent naître et surgir du tableau comme elles ont surgi pour le peintre qui, loin de se poser en compositeur démiurge de cet étrange opéra, tente de saisir les apparitions et les visions qui s’offrent à lui. Et c’est là toute l’essence du travail de Pol Taburet : donner corps à ces hallucinations chimériques, conduire le regard vers un autre terrain mental, et, comme à l’opéra, en saisir les scènes pour mieux raconter la tragédie humaine.
Ces étranges personnages fictifs et sans chair, aux yeux et aux bijoux étincelants, s’apparentent souvent à des furies. Et si l’on peut facilement les rapprocher des créatures des Caprices de Goya ou des Érinyes de Bacon (ces déesses vengeresses qui traquent les hommes coupables), les créatures de Pol Taburet se déploient sur la toile avec une certaine magie. Leur forme se détache de la représentation traditionnelle de femmes démoniaques, hirsutes et cris- pées, ouvrant leurs bouches béantes pour laisser échapper des cris silencieux. Ici, les furies s’offrent dans leur apparition la plus luminescente, irradiant les toiles d’une aura magique et profondément spirituelle. Leurs corps sont des exhalaisons subtiles, mais leur présence, douce et rassurante, semble bien réelle.